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Dr. Denis Mukwege : Le temps est venu de parler du relèvement de la RDC.

Devant un parterre des fidèles de l’Eglise du Christ au Congo « ECC » à Kinshasa, le Prix Nobel de la Paix 2018, Dr. Denis Mukwege, a dénoncé un système de prédation généralisé qui caractérise la gestion des affaires publiques et mine toute crédibilité des institutions, plonge l’écrasante majorité de la population dans la pauvreté et empêche toute perspective sérieuse de développement économique et social.

Dans son allocution dans le cadre de la journée de réflexion sur le rapport « Église-État », à l’occasion de la troisième édition de la Tribune citoyenne dénommée « L’Église se lève, la Nation se révèle » organisée le 30 juin par la Commission Justice, Paix et Sauvegarde de la Création de l’ECC et les aumôneries universitaires protestantes du Congo, le célèbre gynécologue congolais a souligné que malgré l’accession à l’indépendance, les Congolais continuent de subir un système d’exploitation basé sur la discrimination, les abus et la violence institutionnalisée.

Il regrette que les dirigeants, qui ne « pensent qu’à se remplir les poches et le ventre et confondent toujours leurs intérêts personnels et les biens communs », ne soient en rien redevables de leurs actions ou de leurs inactions devant le peuple, car la démocratie n’est qu’une façade et les élections, tenues à intervalles non périodiques, une mascarade.

Pour lui, le temps est venu de changer de cap, surtout quand c’est pour aller dans la bonne direction et le temps est venu de parler du relèvement de la RDC car il n’y a pas de fatalité.

La cohésion nationale et restauration de la sécurité, une priorité

Ce relèvement passera en priorité par le développement d’un leadership congolais pour modifier la dynamique géopolitique, le renforcement d’une cohésion nationale, la restauration de la sécurité, la mise en œuvre de la justice transitionnelle et l’instauration de l’état de droit ; et enfin, une alternance démocratique par des élections crédibles.

Le Prix Nobel de la Paix 2018 est convaincu que l’émergence d’un leadership congolais à la tête du pays, qui imposerait le respect à ses partenaires, peut changer la donne. Il appartient au peuple congolais de se doter de ce leadership fort, mais également à l’Etat de créer les conditions d’une société inclusive dans laquelle sont garantis les droits, l’intégrité et la dignité de chaque citoyen et de la femme en particulier.

Pour le Dr. Denis Mukwege, il faut impérativement restaurer la sécurité et changer le rapport des forces avec les pays voisins. Pour ce faire, il y a urgence, à déployer pleinement l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. Il devient donc urgent pour les autorités congolaises de revoir la gouvernance sécuritaire et la diplomatie régionale. L’homme qui répare les femmes est convaincu que seule une profonde réforme des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) pourra contribuer à la sécurisation et à la pacification de l’Est du pays.

La Justice, un impératif

Par ailleurs, il prône la fin de la culture de l’impunité qui alimente la récurrence des conflits et mine la confiance des citoyens dans ses institutions. C’est le sens de ses efforts de plaidoyer auprès des autorités congolaises et des partenaires internationaux, régionaux et bilatéraux pour l’adoption d’une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle en RDC, qui devra tenir compte de la dimension internationale des conflits et de l’interventionnisme de nombreux pays tiers dans les conflits qui déstabilisent notre pays depuis 30 ans.

Cet impératif de rendre la justice pour les crimes du passé et du présent est non seulement une condition préalable à la réconciliation et à la coexistence pacifique en RDC et dans la région des Grands Lacs, mais aussi un moyen privilégié pour consolider l’état de droit, condition indispensable pour assurer une bonne gouvernance, lutter contre la corruption endémique et créer un cadre propice aux investissements.

« Nous ne pouvons continuer de fermer les yeux sur les atrocités commises en RDC depuis plus d’un quart de siècle ! Le temps est venu de mettre en avant les interconnexions étroites existantes entre la prévention des conflits, la justice transitionnelle et l’instauration de la paix. Toutes les échelles de responsabilité - nationale, régionale et internationale - doivent être établies. La justice est la pièce manquante du puzzle en RDC pour briser le cercle vicieux de la violence et de l'impunité. Il n’y aura pas de paix durable sans la justice, sans des réparations, sans la vérité, sans des réformes institutionnelles visant à la non répétition des crimes les plus graves », soutient-il.

Processus électoral

La République Démocratique du Congo est à son quatrième cycle électoral de son histoire récente pour des nouvelles élections générales avec la tenue de scrutins présidentiel, législatifs, provinciaux et locaux en décembre 2023, pourtant, soutient Dr. Mukwege, les institutions dites « d’appui à la démocratie » fortement politisées et les démarches entreprises pour organiser les élections, opaques et non inclusives, n’annoncent rien de transparent, de crédible et d’apaisé.

Selon le Prix Nobel de la Paix 2018, il est crucial de sortir des crises de légitimité à répétition à la base de cycles de violence et d’instabilité politique et sécuritaire. Il note chaque citoyen congolais est concerné et doit exiger une véritable alternance démocratique. Celle-ci ne sera possible que si et seulement si la volonté souveraine du peuple exprimée dans les urnes est respectée.

Il exhorte les Églises à faire usage de leur voix prophétique pour non seulement effectuer le monitoring des élections, mais de procéder aussi au comptage parallèle des résultats en vue de les divulguer en amont de ceux proclamés par la CENI. « Ainsi, l’Église se lèvera, et la Nation se révèlera, grâce à une révolution démocratique ».

Il est temps que les Congolais exploitent leur capacité de sursaut et d’éveil patriotique : « nous ne pouvons plus sacrifier notre jeunesse en acceptant presque sous anesthésie l’inacceptable. Nous n’avons pas besoin d’un changement de narratif, mais bien d’un changement radical de paradigme et de gouvernance orienté sur la satisfaction de l’intérêt général et la cohésion nationale », renchérit Mukwege.

Il invite les Femmes et hommes épris de paix, de justice et de démocratie, à se mobiliser pour un leadership fort et responsable pour reconstruire un Congo nouveau grâce à une révolution démocratique et œuvrer ensemble à l’édification d’un monde plus égalitaire, plus prospère et plus pacifique, dans l’intérêt de tous les Congolais et de l’Afrique.

Commentaires (Total : 1)

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Kasereka vinungo Jean de dieu 17/08/2023 05:25:20

Nous devons soutenir tous cette idée car Sans tchecking de l,armée nous n,irons nul part. Notre justice aussi est credible en 2 % et n,inspire confiance à personne. Si les violances sont devenues une arme libre, c,est parceque la justice est morribond.

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